Christian Bailly : Vous écrivez des livres sur l’automobile, vous écrivez aussi des policiers. Notre nouvelle collection « Les polars de l’auto » combine vos deux passions. Vous êtes donc un auteur comblé.
Patrice Vergès : Effectivement « Peurs bleues » est un cocktail de mes deux grandes passions. Dans les séances de signatures de mes livres policiers, on me demande, parfois, si j’ai un rapport avec le Patrice Vergès qui écrit sur l’automobile depuis 40 ans. Les gens semblent étonnés quand je réponds qu’il s’agit de la même personne. Ce sont deux cultures radicalement différentes d’où l’intérêt de cette nouvelle collection.
Vous avez débuté votre carrière de journaliste auto par le sport automobile ?
Effectivement, j’ai commencé à écrire dans le magazine Échappement en 1972 puis AutoHebo jusqu’en 1989. J’ai vu beaucoup de R8 Gordini qui courraient encore en course de côte jusqu’à la fin des années 70. J’ai aussi eu la chance de côtoyer beaucoup de pilotes ce qui m’a aidé dans l’écriture de ce livre
C’est vous qui avez choisi le thème de la Coupe Gordini. Pourquoi ?
La R8 Gordini m’a fait fantasmer. J’ai eu le bonheur d’aller aux 24 heures du Mans 1967, à 19 ans, en passager d’une R8 Gordini 1300. Un rêve éveillé ! La première épreuve de R8 Gordini que j’ai vue, c’était une semaine plus tard à Charade en 1967. C’est le chapitre 2 de « Peurs bleues », une épreuve qui se termine fort mal pour le héros. C’était extraordinaire. Rien à voir avec les courses de GT de l’époque où les pilotes ne voulaient pas froisser les ailes de leur Ferrari ou de leur Porsche au sein du peloton. Les pilotes de la Coupe Gordini, eux, n’avaient pas peur de frotter leurs portes, de se pousser en ligne droite et rentrer à trois de front au freinage. C’était extraordinaire et bien plus spectaculaire ! Je n’ai alors plus rêvé que d’avoir une R8 Gordini. Plus tard, j’en ai eu deux dont une 1296 à couple court qui marchait comme un avion.
« Peurs bleues » est votre 7ème polar. Quelle est la bonne recette d’un bon policier ?
S’il y en avait une, tout le monde l’appliquerait. Dans mes polars, il y a toujours trois histoires qui se croisent en s’imbriquant l’une dans l’autre. C’est de la mécanique de précision. Justement dans « Peurs bleues », il y a l’intrigue policière classique sanctionnée par quelques meurtres, la vie quotidienne du héros qui est intéressante car on y retrouve le parfum de 1967, mode, actualités, chansons, etc. Puis, une fausse histoire à l’intérieur de la première destinée à entraîner le lecteur sur une fausse piste. Je désirais absolument que l’intrigue policière se situe en dehors de ses activités de pilote de la Coupe Gordini. On retrouve dans « Peurs bleues » les ingrédients habituels de mes livres : des larmes, du sang, de la sueur et du sexe….
Vos projets ?
Un autre Polar qui sort en mai appelé « Sale temps sur le Bassin » dont l’action se passe sur le Bassin Arcachon en décembre 1973, deux livres sur l’auto, un sur les Youngtimers et l’autre sur Simca. Je cogite sur un policier auto dont la vedette serait, c’est le cas de dire, une Simca Versailles 1955. Mais ce n’est encore qu’un projet car ce n’est jamais l’auteur qui décide de la naissance d’un livre. C’est d’abord l’éditeur et surtout les lecteurs….